L’enfant terrible, auteur du scandale : Jeff Koons

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Balloon Dog (magenta), Jeff Koons, 1994-2000

Jeff Koons au Château de Versailles : Quand le kitsch américain envahit la Royauté française.

Dépoussiérer l’image du château

C’est en 2008 que Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la culture et alors directeur du Château de Versailles, prend le parti d’incorporer au sein de son musée une exposition d’art contemporain, pariant d’abord sur l’un des artistes contemporains aux oeuvres les plus décriées : Jeff Koons.

Cette exposition, c’est la rencontre anachronique entre le goût pour la démesure spectaculaire de Louis XIV et celui de Jeff Koons, roi contemporain du Kitsch, de l’ornementation ostentatoire et du gigantisme. On comprend facilement les raisons qui ont poussé Elena Geuna et Laurent Le Bon, commissaires d’expositions, à choisir le château de Versailles comme écrin à cette exposition. En s’appropriant l’espace de ce bâtiment historique, Koons invite le spectateur à une nouvelle expérience du lieu et brise ainsi les clichés liés à la culture traditionnelle du Château. On aurait pu penser que le mariage entre l’art contemporain et les monuments historiques avait été plus ou moins accepté par les moeurs après le scandale des colonnes de Buren près de 30 ans auparavant; pourtant, l’exposition fait polémique.

L’art au service des collectionneurs ?

L’argument principal avancé par l’ensemble des critiques est le suivant : il n’y a pas de cohérence entre l’univers du lieu et celui de l’artiste. L’unique but de l’exposition serait de choquer le public. Jean-Jacques Aillagon se défend lors d’un entretien accordé au blog MonVersailles :

« On ne choisit pas des œuvres pour choquer, pour heurter mais seulement pour provoquer chez le public une réaction, un débat, une réflexion. ».

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Lobster, Jeff Koons, 2003

Si les arguments des partisans et des opposants peuvent être discutés, l’exposition pose un autre problème moral. Celui du conflit d’intérêts privés. Paul Louis Rinuy déclarait, dans la revue d’art contemporain marges, le 18 juin 2009 : « Cette exposition paraît vraiment être une histoire d’argent, un système qui valorise autant Pinault que Jeff Koons : la puissance publique, l’État français, joue ainsi le rôle que je qualifierais immoral – ou en tout cas d’amoral – de valorisation d’intérêts principalement privés ». En effet, certains quotidiens français ont relevé que François Pinault avait prêté une partie des oeuvres de Koons provenant de sa collection personnelle au Château de Versailles et que cette idée d’exposition venait du président de cette institution (J.J Aillagon), lui même ancien employé du milliardaire français. D’autres quotidiens ont aussi noté qu’à l’issue de cette exposition ô combien médiatisée pour l’artiste et son oeuvre, ce collectionneur d’art avait revendu une partie de ses oeuvres, en réalisant une certaine plus value…

Si les raisons qui ont poussé Jean-Jacques Aillagon à organiser une première exposition d’art contemporain au Château de Versailles restent indéfinies et floues, et si la critique a été pour le moins virulente, l’exposition Jeff Koons Versailles a été une réussite dans la démocratisation de l’art contemporain, et a initié la politique culturelle actuelle du Château.

Liens utiles :

dossier de presse de l’exposition Jeff Koons Versailles

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